jeudi 26 mars 2020

Les guerres de religion



L’histoire d’Aubenas commence -t-elle au 11ème siècle ?

Ce serait une belle histoire de voir naître la ville après la destruction d’Alba-Augusta (Alba la Romaine) en 411 par Crocus roi des Huns. Et même, on pourrait y trouver l’étymologie d’Aubenas : Alba Nova.
Cependant l’histoire de la ville d’Aubenas semble commencer au 11ème siècle par la construction d’un manoir fortifié par la famille noble les Montlaur, que l’on appelle le vieux château situé rue Jourdan.


Avant les guerres de religion :

Aubenas était une petite ville de 2000 à 3000 habitants protégée par un rempart que l’on peut encore deviner aujourd’hui et une demi-douzaine de portes dont certaines existent encore aujourd’hui.

La ville était dirigée par 2 syndics et un conseil de notables.
Le clergé séculier (les curés) était au service de l’église St Laurent et des paroissiens et comptait une vingtaine de religieux.
Le clergé régulier (Moines ou religieuses) avait construit plusieurs monastères tout autour de cette ville fortifiée. Les Cordeliers se sont installés au 13ème siècle avec une quinzaine de moines ; il s’agit de l’ordre mendiant des Franciscains. Les Dominicains avait leur monastère à l’Airette. Nonnains (Clarisses) avait leur couvent près du Dôme. Le couvent Notre Dame des Plans était à Pont d’Aubenas.

On peut estimer la présence d’une centaine de religieux à Aubenas. Il existait une concurrence entre les différents ordres et en particulier entre le clergé régulier et séculier. Les curés d’Aubenas ont fait une cause au tribunal du Puy contre les moines (Cordeliers) pour une concurrence déloyale en 1269.

Les guerres de religion :

Les guerres de religion en France ont commencé en 1562 après des prémices d’une vingtaine d’années. Les luttes n’ont pas été continuelles ; mais elles ont duré jusqu’en 1598 avec la signature de l’édit de Nantes.

Les fouilles réalisées en 2018 et 2019, sous le champ-de-Mars ou parking de la poste, ont remis à jour cette histoire de la ville. Sous ce parking, il y a les fondations de l’église et du monastère des Cordeliers. Le résultat est toujours intéressant pour mieux comprendre l’histoire de la ville. Mais ces ordres n’étaient pas riches et les protestants avaient bien ratissé tout ce qui était vendable. 
L’église d’une seule nef d’une longueur de 40 m avec des chapelles latérales et son monastère. Les églises servaient de lieu de sépulture et on trouve dans la nef et tout autour de l’église de nombreux ossements. 






Ces sépultures étaient des caveaux, des cercueils en bois ou des corps enterrés simplement (env. 50 corps ont été étudiés mais il y en aurait plusieurs centaines). Pour y être enterré, il fallait payer cher donc la population que l’on y trouve était relativement aisée. Ces ressources étaient importantes pour les ordres qui avaient de nombreuses missions sociales (hôpital, aides aux miséreux, éducation des enfants …).

En 1560, Aubenas et les environs étaient aux mains des protestants calvinistes. Les syndics et le conseil ainsi qu’une majorité des habitants d’Aubenas étaient de confession protestante bien que les familles catholiques soient nombreuses.

En 1562, tous les couvents dont celui des Cordeliers (Franciscains) sont rasés. Les pères et les religieuses sont chassés. Les matériaux de construction sont vendus. La destruction de ces bâtiments juste au pied des remparts s’explique certainement pour des raisons de sécurité. Par le hasard de l’histoire, les fondations restent intactes. Sur le terrain libéré, une vigne y est plantée, au 17ème une famille d’Aubenas rachète le terrain et il devient un jardin à la française. Au 19ème, la mairie y aménage le Champ-de-Mars qui accueille foires et marchés. Dans les années 1960 avec la construction de la nouvelle poste, cet emplacement est devenu un parking. Pour toutes ces raisons, le sous-sol est resté pratiquement intact.

Pour reprendre l’histoire, les cathos et les calvinistes ceux sont bagarrés pendant plus de 30 ans jusqu’à l’Edit de Nantes 30 avril 1598. Il est bien difficile de départager ces fanatiques. 
 
Rappelons l’épisode dramatique le 7/02/1593 sous le règne débutant d'Henri IV où le frère Sautemouche (Il faut trouver le nom !!!) et le père Salès ont été martyrisés, tués puis laissés à poil par les huguenots rue du 4 septembre en face du restaurant « le Fournil » qui à l’époque n’existait pas. Quelques siècles plus tard, ils ont été béatifiés en 1926. Ces 2 moines n’étaient pas originaires d’Aubenas ; mais d’Auvergne. Le père Salès était un prédicateur convaincu et reconnu.
Puis, la ville redevint finalement catholique, les ordres se sont réinstallés intra-muros y compris les Cordeliers.




    Après plus de 4 siècles, la rivalité entre les cathos et les parpaillots s’est calmée mais n’a pas disparue. C’est certainement la raison pour laquelle la municipalité actuelle (Centre droit) a préféré refermer les fouilles après avoir retiré quelques squelettes. Ils avaient pourtant payé bien cher leur place. Nous sommes en période électorale, surtout ne pas réveiller les sujets qui fâchent.  

   
 En novembre 2019 pour le semaine du cinéma, ce parking devint l’Agora lieu de promenades et de rencontres des albenassiennes et albenassiens.